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Yaelle est un rayon de soleil où qu’elle passe. Peut-être était-ce sa manière d’être, peut-être ses expériences passées. Toujours étant, elle avait ce pouvoir surnaturel de toujours voir le verre à moitié plein, souriante et heureuse de croquer la vie à pleines dents. Au début affectée, face à un monde complexe qui devient de plus en plus horrible, cette joie permanente est devenue au fur et à mesure des années réelle, la jeune femme décidant de vivre sa vie comme elle le sentait, et de lui faire face avec un optimisme presque sans faille.

Malgré des choix de vie parfois discutables, la jeune femme n’est que bonté, détestant faire du mal aux autres et n’ayant pas même l’idée de les faire souffrir par ses actions. Si c’est en son pouvoir, elle fera toujours ce qu’elle peut pour mitiger les conséquences de ses gestes les plus répréhensible, aimant se donner en spectacle pour désarmer la peur du public.

Décrire Yaelle finalement n’est pas si complexe. Elle est une philanthrope convaincue, une criminelle si on devait se référer aux règles de la société, mais qui veut commettre ses crimes au milieu des rires plutôt que des pleurs, n’hésitant pas à jouer le rôle du bouffon royal pour faire rire son audience.

On pourrait presque lorsqu’on la rencontre la prendre pour une écervelée. Une telle joie de vivre était signe de naïveté et de stupidité dans ce monde en déréliction, où corruption est reine et où la morale se vend aux plus offrant. Pourtant il n’en est rien, un esprit minutieux se cachant sous ce grand sourire et ses yeux pétillants. Lorsqu’elle tombe maladroitement dans une flaque devant un enfant, lorsqu’elle trébuche avec un petit cri pitoyable, esquivant un coup ou une autre attaque, c’est volontairement.

Fan des vieux comics strips et des dessins animés de la moitié du vingtième siècle, elle veut vivre pleinement et répandre le rire autour d’elle, et faire de sa vie un Tex Avery, de par ses maladresses calculées, tout comme ses plans ridicules en tant que voleuse était sa solution. Ses inspirations ? Les Docteur Robotnik de Sonic, et Evil d’Austin Powers, Coyote de Tex Avery, Skeletor de He-Man… Les films et dessins animés ne manquaient pas de méchants comiques et ridicules.

Gare à ceux qui se limitent aux apparences et la jugent inoffensive néanmoins, car pour parvenir à ses fins elle n’hésitera pas à les humilier avant de fuir avec son butin, une petite danse de célébration dans les jambes et un rire amusé s’échappant des lèvres.

Ne vivait-on pas dans une époque merveilleuse ?  

Yaelle est un petit bout de femme, dépassant à peine le mètre soixante pour une petite cinquantaine de kilogrammes. Elle est menue, fluette même, et peut apparaitre fragile de premier abord. Et il est vrai qu’elle n’est pas la femme la plus physiquement imposante de Suisse, loin de là. Pourtant, elle n’était pas si fragile qu’elle en donnait l’air, plusieurs séances de sport par semaine en faisant une jeune femme mince mais possédant des muscles sous une très légère couche adipeuse.

Ses cheveux sont le plus souvent bruns et coiffés délibérément en bataille, même s’il n’est pas étonnant de la voir porter une teinture, principalement en mission durant lesquelles elle porte des cheveux bleu nuit tirant sur le violet. Ses yeux eux sont assez caractéristiques, ambrés tirant sur le jaune, ce qui la rend assez repérable. C’est pour cette raison qu’elle utilise des lentilles marrons en mission. Ses traits sont fins et assez féminins, et elle a la chance de ne pas avoir de cicatrice sur le corps, la seule mutilation présente étant les trous à son oreille gauche pour passer deux anneaux sur le cartilage et la seule marque sur sa peau les tâches de rousseur qui couvrent le haut de ses joues.

Dans la vie civile, elle est très souvent habillée de manière simple mais colorée, ayant néanmoins une légère préférence pour les tenues sportives sauf lorsque le temps ne le permet pas.

C’est tout le contraire de sa tenue de travail, tirant sur les tons sombres, une veste en tissu avec capuche au-dessus d’un justaucorps noir, et le bas de son corps couvert d’un pantalon en jeans noir également. Très utilitaire, elle portait diverses bandoulières pouvant contenir des outils utiles en mission, ou divers accessoires humoristiques pour faire son show. Dissimulées à la vue se trouvent, dans une poche en cuir, un couple de grenades fumigènes et une flashbang. Ce n’était pas parce qu’elle était pacifiste qu’elle se laisserait attraper par le premier antagoniste venu. Pour compléter sa tenue de travail, un masque à gaz couvrait le bas de son visage, et des lunettes tintées recouvraient ses yeux, cachant son regard à de potentiels ennemis.

Pour en finir, la partie de son corps qui lui est la plus précieuse se situe au niveau de ses mains, ses très fins et délicats doigts dont la dextérité avancée lui permettent non seulement d’exercer son métier dans le civil, mais également de créer nombre de gadgets et autres tours pouvant lui servir sur le terrain.  

Yaelle est née dans une famille aisée de suisse, dans le canton de Berne en 2007. Ses jeunes années furent paisibles, une jeunesse passée à s’amuser comme tout jeune enfant sait le faire, pleine d’insouciance et de gaité. Fille unique de parents Suisses, elle n’eut à manquer de rien, et développa assez tôt une appétence pour le bricolage, ses jouets préférés devenant rapidement les sets de Lego et de Mécanos de ses parents.

Puis l’année de ses dix ans, le monde commença à se déchirer, ses parents devenant plus bruyants, plus agités devant la télévision. L’arrivée au pouvoir du président Trump aux Etats Unis d’Amérique ainsi que ses premières mesures très conservatrices et presque xénophobes. Ce fut l’époque à laquelle elle vit ses parents se disputer pour la première fois, la pression des mauvaises nouvelles commençant à peser sur leur couple.

L’année suivante fut la pire année de sa vie. Si les tensions de l’arrivée de Trump au pouvoir avaient tendu ses parents, l’éradication des Etats Unis d’Amérique furent la goutte d’eau qui brisa le vase. Les disputes parfois rares devinrent de plus en plus fréquentes alors que les économies que ses parents avaient investies partirent en fumées avec le crash boursier qui suivit immédiatement l’éradication de la première puissance mondiale.

Le final fut bien entendu l’accident de voiture qui brisa sa vie de famille à tout jamais. Elle se souviendrait de cette soirée pour toujours. Une énième dispute à l’intérieur de la voiture alors qu’ils conduisaient pour se rendre chez ses grands-parents, le réveillon de Noël. Puis un cri, une lumière intense et plus rien.

Elle se réveilla deux heures plus tard. La petite miraculée elle avait été appelée, indemne après un accident qui plia leur voiture en deux. Pas une seule trace sur son corps, alors que ses parents eux avaient péri sur le coup, broyés par le semi-remorque qui les avait frappés.


Recueillie chez ses grands-parents par la suite, elle vit la cupidité des assurances et des corporations détruire leur vie. La multiplicité des démarches administratives. Les appels sans fin et les demandes répétées achevèrent la santé de ce qui restait de sa famille. Elle finit par obtenir l’héritage qu’elle méritait à l’âge de quinze ans, mais cela avait coûté leur santé aux derniers membres vivants de sa famille.

Elle avait pourtant tout fait pour essayer de les soulager, commençant à affecter un sourire permanent et à afficher un optimisme sans faille, cachant la douleur qu’elle ressentait dans son cœur. Mais ses grands parents se battaient pour elle, donc elle devait faire de même.

Six années de théâtre et de comédie qui finirent par transformer la jeune femme. Les faux sentiments avaient pris le dessus sur la tristesse dans son cœur, et ses sourirent se firent plus sincères, plus beaux. Ce fut à cette période qu’elle perdit ses gardiens, partis dans leur sommeil à quelques semaines d’intervalle.

Mais cette joie de vivre réelle cachait la haine qu’elle vouait dans son cœur aux corporations et autres institutions financières, qui derrière leur minutie et leur bureaucratie cachaient un monstre sans âme tout juste bon à détruire des vies pour quelques Eurodollars de plus.


Elle fit son deuil puis reprit son sourire, vivant aussi heureuse que possible pour rendre honneur à leur mémoire. Ses facilités en bricolage se trouvèrent être un réel talent pour la mécanique, qu’elle cultiva en rejoignant l’école d’Horlogerie de Genève. Elle avait reçu assez d’argent pour suivre pleinement ses études, et opta donc pour un enseignement à plein temps de Micromécanicienne, avant de prendre deux ans de plus pour suivre une formation d’Horlogère, la rendant donc capable de concevoir les pièces, mais aussi de les assembler pour créer les pièces qu’elle vendrait à l’avenir.

Ses études finies pour ses vingt trois ans, elle sortit de l’école et se mit à son compte, ce qui restait de son héritage lui servant pour louer un local de production et commencer son travail.


Bien évidemment, ayant évité de travailler pour des corporations, ses premiers mois furent très durs, et malgré la qualité de son travail attirant l’attention de quelques clients, elle avait à peine de quoi vivre convenablement. Cherchant des options de plus en plus désespérément, elle suivit traces et rumeurs jusqu’à plusieurs forums dans le Deep Web qui planifiaient des casses à Berne. Les cibles ? Des filiales de banque, et surtout, un bâtiment contenant les serveurs de l’assurance… celle qui avait détruit ce qui restait de sa famille.

Elle laissa donc sa haine prendre le dessus un instant et accepta, mettant ses talents de mécanicienne pour créer divers dispositifs mécaniques pouvant faciliter l’infiltration. Elle était bien trop philanthrope pour faire réellement du mal aux gardes, mais se sentait capable de les endormir ou de les taser dans le pire des cas. Elle participa donc au casse, la boule au cœur et la rage au ventre… et l’ambiance la ravit.

Le chef de groupe avait bien planifié l’attaque, s’étant renseigné sur les talents de chacun, et même si la confiance n’était pas de mise au vu de la manière dont ils s’étaient trouvés, ils finirent par piller les serveurs et fuir avant l’arrivée des autorités.

Ce fut son entrée dans le monde du crime, et après avoir reçu un e-mail d’un site nommé Crime.net peu de temps après, elle s’y plongea à temps partiel à côté de son métier, prenant le nom de Joyster et se créant une identité en tant que Geyster.  Elle utilisa l’argent gagné lors du premier casse pour se commander une tenue et un masque professionnels, avant de créer de son côté farces et attrapes pour pouvoir accomplir son rêve : devenir une criminelle volant les riches entreprises et faisant rire les populations.

Le monde était au creux de ses mains, il ne lui restait plus qu’à faire un grand pas et le saisir, un sourire sur les lèvres et de l’espièglerie dans les yeux.