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Sanyu a toujours été le gentil petit, celui qu'on va un peu martyriser parfois, mais que la majorité apprécie tout de même. Très fluide socialement, presque trop finalement, la majorité de ses relations lui ont glissé des mains à mesure qu'il suivait ses parents de l'Europe à l'Asie en passant par l'Afrique.

D'une nature très douce, il se montre le plus souvent comme tel, rechignant à durcir ne serait-ce que le ton, comme si l'idée même de blesser le retenait de tout écart. La réalité est un peu différente, le jeune homme a du mal à se positionner vis à vis de sa propre personne, de ce qu'il désire ou pas, voire ce qu'il aime ou pas. Il sait que plaire, ou au moins être plaisant, le remplit d'une joie douce mais passagère, et a construit ses façons d'être autour.

Pourtant il a des points de rupture, qui surviennent abruptement, et une facette bien plus ferme de sa personnalité se donne parfois à voir. Mais, comme si malgré tout il ne pouvait vraiment sortir de son image de gentil garçon, ces moments surviennent surtout devant ce qu'il considère comme de l'injustice, plutôt concernant les autres que lui-même.

C'est un jeune homme plein de curiosité, mais jamais trop poussé, il touche à tout mais n'arrive jamais vraiment à s'impliquer pour de bon. Il aime croquer les passants dans les parcs, adore faire parler les autres de leurs passions, mais lui aurait du mal à faire de même. Plus qu'un indécis, il se comporte comme s'il lui manquait quelque chose, qu'il ne saurait jamais définir mais qui l'empêche de tout à fait s'aligner avec le monde autour de lui. Il cherche à faire son trou mais il ne fait que flotter.

Sans tout à fait se l'admettre, Sanyu apprécie être un peu dirigé, qu'on lui impose un cadre, même s'il a toujours eu tendance à fuir les milieux trop contraignants. Un de ses petits paradoxes...

Sanyu a prit le meilleur de chacun de ses parents. Les délicates brides, l'ossature gracile et le grain de peau serré de sa mère, les yeux bleus et les cheveux blonds de son père, chose rare chez un métisse comme lui. Il porte ses cheveux jusqu'aux épaules, les attachant de diverses manières selon le moment. De taille très moyenne pour ses origines, il ne dépasse pas 1m65, et sa constitution délicate le ferait presque paraître plus petit. Sans être maigre, le jeune homme n'est clairement pas épais, et malgré sa puberté déjà passée, il a gardé une silhouette très douce, presque androgyne. Le fait qu'il soit imberbe et presque glabre y participe plus qu'il ne le désirerait parfois.

Ses quelques défauts physiques se laissent percevoir par un œil plus attentif. Son front, certes bien proportionné, est légèrement fuyant, mais la forme de son crâne s'y accorde suffisamment pour que cela ne jure pas trop. Une tache de naissance assez visible trône sur sa fossette sub-sternale, tranchant avec sa peau pâle. De façon plus personnelle et ambigüe, il ne sait comment se positionner vis à vis du coté relativement "féminin" de sa beauté. Longs cils, taille fine et air plein de douceur, il se voit en grand contraste avec son père et son frère, tous deux plus grands, plus carrés, plus concrets et rudes d'aspect.

Sanyu se démarque assez visiblement par la diversité de ses goûts en matière vestimentaire. Appréciant autant les tenues très casual et simples, on le verra tout autant porter des vêtements plus traditionnels, chinois ou japonais, ou des ensembles plus distingués. Ne cherchant pas non plus à trop se faire remarquer, le jeune homme a manifestement une sensibilité esthétique qui lui est propre, et n'hésite pas à le montrer.

Carriériste reconvertie en entrepreneuse cosmopolite, une chinoise pleine d'avenir fit la rencontre d'un allemand amoureux des voyages, autour d'une exposition commémorant le travail d'un peintre mandarin ami de Matisse, et apprécié de l'une comme de l'autre. Une bien belle histoire, et lorsqu'ils eurent leur premier enfant, ils le nommèrent en l'honneur de cet artiste fatidique, ou plutôt de la transcription faite en France de son nom : Sanyu.

La petite enfance du garçon ne fut en rien malheureuse, mais il goûta très jeune au déracinement systématique, ses parents ne restant que rarement au même endroit très longtemps. Fils unique, il ne le resta pas longtemps, et un petit frère au nom d'inspiration moins exotique, Hermann, le rejoint dans l'apprentissage du monde si troublé et changeant qui était le sien.

Les grandes lignes de son caractère se forgèrent assez rapidement, et il n'en dévia que très peu. Après l'Allemagne vint l'Angola, l'expérience des écoles d'expatriés et de nantis au milieu d'une société qui ne parvenait pas à décoller d'une pauvreté maintenant endémique, nourrie par l'organisation foutraque d'une société sous perfusion de puissances étrangères ne voyant que les ressources à exploiter. On ne voit pas tout cela distinctement quand on a 4 ou 5 ans, mais Sanyu a gardé un peu trop vivement en mémoire les images discordantes de leur jardin à la jolie petite pelouse, et les enfants qui ne lui ressemblaient pas, qu'il voyait parfois à travers les vitres d'un véhicule en passant, qui jouaient dans la poussière.

L'Argentine, les Philippines, la Chine, le Danemark, la France, le Japon... Beaucoup d'endroits et très peu d'attaches. Il gardait quelques petits contacts, parfois, la plupart se délitaient avec les années et la distance. Le garçon n'adhérait pas vraiment au modèle de sa famille, ni à celui qu'on voulait plus ou moins directement lui inculquer dans sa scolarité. Elève tout sauf mauvais, il brillait autant par la facilité avec laquelle il s'intéressait à ce qu'on lui présentait que par l'impossibilité de définitivement l'accrocher. Ses penchants les plus bienfaisants se voyaient en revanche très aisément, surtout les rares fois où, de doux garçon souriant et en retrait, il devenait protecteur implacable, l'espace de quelques instants.

Quand ses parents déménagèrent à nouveau, lui, majeur, ne les suivit plus. Pas qu'il ai déjà commencé à bien s'installer là, pourtant, pas plus qu'ailleurs. Mais il voulait, un peu mollement certes, changer cela. Il chercha d'abord à être photographe, puis graphiste, comblant avec des petits jobs peu gratifiants, et sentant de façon bien plus directe à quel point il avait pu bénéficier d'un cadre de vie avantageux, jusqu'alors. Dire que Sanyu était déterminé à vraiment prendre en main sa petite existence serait un peu exagérer, mais... Il essaie.