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Ynyr est un personnage simple dans ses motivations, et complexe dans sa manière d’apercevoir le monde. Il a un objectif, une ambition, passer au-delà des limites de son corps malade, et pour cela il est prêt à se salir les mains… tant que des innocents n’en pâtissent pas.

Il est bon, loyal envers ses amis et sa famille, mais n’hésite pas à utiliser des moyens détournés ou des procédés d’une légalité douteuse afin de parvenir à ses fins, qu’elles soient nobles ou plus égoïstes. Il aime l’argent, qu’il soit durement gagné ou récupéré par chance mais ne le considère pas comme une fin en soit mais plus comme un moyen d’accomplir son objectif. Fervent défenseur du progrès technologique, il est comme un poisson dans l’eau au milieu de son setup informatique et au sein des réseaux où il fait preuve d’une assurance née de ses nombreuses capacités. Il aime apprendre, s'améliorer, toujours progresser dans son sujet de prédilection, quitte à se mettre dans des situations qui sont dangereuses pour lui.

Face à face, il est beaucoup plus renfermé, sa faiblesse physique le rendant beaucoup plus méfiant. Un peu timide et introverti face à des inconnus, il préfère ne pas faire le premier pas et laisser la relation se créer et avoir un premier aperçu de leur caractère avant de s’y impliquer réellement.

Bien que bienfaiteur, il n’ira pas s’impliquer directement dans une altercation si cela met sa vie ou celle de ses proches en danger, cherchant à aider de manière détournée. Pour ses amis et sa famille ? Il couperait la route à une colonne de tanks s’il était persuadé que ça les aiderait à survivre.

Maigre, voilà un mot décrivant bien Ynyr. Sans être pour autant rachitique, il y a quelque chose qui choque dans l’apparence du jeune homme. Il est grand, un bon mètre quatre-vingt-dix pour soixante-cinq kilogrammes à peine, donnant l’apparence de loin d’un épouvantail. Cette apparence n’est pas aidée par son habitude un peu ringarde et désuète de s’habiller comme un gentleman du début des années 1900, redingote et gants à l’appui, lubie de jeunesse qu’il n’a jamais vraiment abandonnée.

Deuxième chose qui marque lorsqu’on le rencontre, ses gestes sont maladroits, que ce soit au niveau de ses jambes comme de ses bras, comme s’il luttait contre son propre corps pour accomplir ce qu’il avait à faire, laissant souvent une frustration bien visible s’afficher sur son visage et le forçant de plus en plus à complimenter son apparence anachronique d’une cane en bois noir sur laquelle il s’appuie parfois pour marcher.

Si ses habits et ses accessoires n’attiraient pas assez l’œil comme ça, il y avait une autre partie de son être qui le faisait très bien, ce coup-ci flattant agréablement les yeux des observateurs. Ynyr possède un visage très fin et équilibré, libre de toute marque disgracieuse et, mis à part en fin de journée, de tout poil. Il prend clairement soin de son apparence et semble assez fier de celle-ci. Ses cheveux noirs sont coiffés avec attention tous les matins, contrastant agréablement avec ses yeux d’un vert vif.

Lorsqu’il a un clavier entre les mains, cette maladresse que l’on peut deviner dans ses mouvements semble disparaitre comme si elle n’avait jamais existé. Ses doigts sont agiles, dansant sur les touches comme un artiste sur une piste de danse. Et pourtant, apparaissent de temps en temps des petites crispations, des petites hésitations qui n’étaient pas là auparavant, emplissant son visage d’inquiétude et d’une haine aveugle et centrée sur lui-même.

Né en 2007, Ynyr n’était qu’un enfant lorsque les Etats Unis ont disparu de la surface du globe, un cataclysme qui l’a touché bien moins violemment que certains adultes, mais bien plus durablement. Né d’une famille de classe moyenne Galloise, tout le prédestinait à baigner toute sa vie dans la culture Anglo-saxonne qui était prédominante une bonne partie du vingtième siècle sur notre planète. Entre les films d’Hollywood, McDonalds et autres œuvres de la BBC lorsqu’il souhaitait rester chauvin, il eut de quoi faire.

Puis vint le premier choc, petit : le Royaume Uni avait décidé de quitter l’Union Européenne, menaçant de l’affaiblir durablement et forçant le pays à préparer une sortie tout en cherchant des alliés, principalement outre-Atlantique. L’annihilation des Etats-Unis… elle a changé la donne. Le jeune Ynyr ne comprit pas immédiatement ce qu’il s’était passé, mais les présentateurs à la télévision semblaient horrifiés, tout comme ses parents, donc c’était horrible non ?

Puis, lentement, les McDonalds ont commencé à fermer, plus aucun film ne sortait d’Hollywood. Il y avait toujours des films de la BBC, mais les autres qui étaient disponibles étaient Français, Italiens, Allemands. La culture Anglo-saxonne s’étiolait, marquée par un Brexit discret et une réentrée dans l’Union Européenne qui le fut tout autant, tandis que les cultures des divers pays Européens prirent la place, la France la première, afin de combler le vide et de faire front face aux géants Russes et Chinois.

Au grand dam de ses parents, Ynyr n’était plus simplement Gallois, mais devenu lentement, au fil des années, un citoyen Européen, appréciant la musique Espagnole, la cuisine Française, le cinéma Italien et les produits Allemands. Il se façonna également dans ses études à l’aune de ce nouveau monde, un monde tertiaire dans lequel les industries Européennes étaient à la tête du marché. Il s’intéressa dès son entrée en ‘high school’ aux technologies de l’informatique, et surtout au marché très fructueux de la cybersécurité.

Le deuxième choc pour lui fut en dernière année de ‘high school’, une étrange faiblesse musculaire sembla le gagner et s’éternisa, provoquant une batterie d’examens avant que le couperet ne tombe : Myopathie de Becker. Une maladie rare, incurable, et qui impliquait une dégénérescence musculaire progressive et inéluctable. Pour un jeune homme sur le point de devenir adulte, le choc fut absolument dévastateur. Il perdit sa bonne humeur et son innocence de jeune adulte avant de se lancer à pleine vitesse dans ses études, essayant de compenser son espérance de vie réduite par une volonté sans faille à devenir le meilleur dans son domaine.

Ignorant les écoles prestigieuses et malheureusement très chères, Ynyr privilégia l’auto-formation, utilisant son esprit acéré pour apprendre les bases et se frotter aux codes des développeurs qu’il pouvait trouver en open-source. Les premières années furent difficiles, le forçant à vivre chez ses parents, mais à l’aube de ses vingt-deux ans ses contrats devinrent plus fructueux et plus nombreux, lui permettant non seulement de payer lui-même ses séances de kinésithérapeute mais également de louer un appartement depuis lequel il pourrait opérer.

La vie était belle, et l’argent étant présent après plusieurs années de labeur, il s’autorisa une petite folie, un road-trip accompagné de trois autres personnes en Europe, organisé via des rencontres et connaissances sur Internet.

Un bon lien se fit entre eux, ces vacances furent agréables, endiablées parfois même, le jeune homme laissant des années de travail s’oublier pour qu’il profite de l’instant présent. Puis vint le troisième choc. Une soirée arrosée, un petit tour en voiture. Un accident. La médecin du groupe, une jeune femme adorable et emplie de bonté, qui tentait désespérément de sauver la victime. Un jeune homme terriblement pragmatique qui fouillait les bagages et une femme d’âge plus mûr qui l’accompagnait dans ses recherches. Et lui, figé, qui ne savait comment réagir. Il vit le choix horrible qui s’offrait à eux, abréger les souffrances de la jeune femme ou la laisser agoniser. Il vit le caractère de ses compagnons et sentit ses propres manquements. Il ne savait pas comment agir, quoi faire, quoi dire, et resta donc… interdit, constatant un meurtre de ses propres yeux, et se retrouvant avec des diamants sales entre les mains.

Le reste du Road-trip fut assez écourté, l’ambiance devenue pesante, et le jeune homme retourna bien vite à son quotidien, utilisant ses contacts en ligne et ses capacités pour les écouler et s’offrir une marge de manœuvre, du matériel de pointe et des plans pour l’avenir.

L’année était 2030, et son corps croulait sous la maladie ses muscles dégénérant lentement alors que son esprit fébrile cherchait désespérément des solutions pour s’offrir un avenir. Après tout, il était resté en contact et était devenu ami avec une médecin de talent…