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[+18][G][R] Cannibal Café. [Terminée]

Zheng Wu Zhao
Zheng Wu Zhao

Carte d'identité
Genre: Autre/Non défini
Âge: 18
Origine: Chinoise
Orientation sexuelle: Aroace
Nom de code: Er Xian
Spécialité / Métier: Influenceur Internet / Youtubeur
Compétences: Mécanique Niv. 1
Accréditations: Skynet
https://enjoyyourcrime.forumgaming.fr/t1716-dossier-zheng-wu-zha
Zheng Wu Zhao18Aucun (Pronoms : 它 [ta] / They / Il)ChinoisAromantique AsexuelInfluenceur InternetEr XianLyudiL'esprit libreProtéger sa sœur coûte que coûteAvant d’annoncer l’évidence derrière le comportement antisocial de Zheng, il faut d’abord comprendre une particularité le concernant : il ne parle pas. Pas par handicap, ni en raison d’un trouble quelconque… Il n’en trouve juste que très rarement l’intérêt. Le mutisme du Chinois est tel que très peu entendent sa voix naturelle, celle qui sort de sa bouche lorsqu’il ne fait aucun effort : rauque, brisée, branlante.

Dans l’absolu, ce mutisme est la clé dans la compréhension du comportement de Zheng. En effet, celui-ci ne parle pas par choix. Sa logique est évidente, lorsqu’on l’étudie en détail : il n’en voit simplement pas la peine. Aucune once d’insécurité, ni même de complexe ne dirige ses choix, il est simplement… Comme cela. Libre de toute provocation, et même de questionnements alambiqués.

Ce m’enfoutisme, il l’a évidemment hérité de son trouble, si ce n’est à cause de son éducation particulière. Ce n’était pas comme si Zheng avait pu apprendre les bases de ce qu’un enfant devait apprendre… Et ce caractère nonchalant le prouve d’autant plus. Car oui, Zheng est inculte. Ce qui détermine la plupart de ses actes, tout compte fait.

Autrement, le Chinois est atteint d’un trouble antisocial. C'est simple… Zheng ne fait attention à personne, ne s’occupe du bien de personne, et n’a en tête qu’une seule chose : sa survie, ainsi que celle de ses sœurs. Si Zhang est la priorité principale derrière chacun de ses actes, Zetian partage également une part de cette obsession. La raison lui a toujours complètement échappé… Tant qu’il agira de par ses instincts, il sait que tout ira bien.

Voilà le plus grand vice de Zheng, finalement : il est impulsif, bien que pas forcément colérique. Il ne réfléchit que très rarement aux conséquences de ses actions, au point de très souvent se trouver dans des situations délicates. Tuer, pour lui, n’est qu’une tâche comme les autres. Comprendre qu’il s’agit d’un crime, c’était bien une chose, mais l’assimiler en était une autre… Pour sûr, le seuil de compréhension du psychopathe se trouve là-dedans. La fine ligne entre la compréhension et l’assimilation des conséquences. Dans un sens, vivre en société est clairement impossible pour lui : les remords, les regrets, ils n’existent même pas. Seule sa motivation compte, et pour cela, il est prêt à éliminer tout obstacle au travers de sa route.

Le plus accablant reste tout de même sa relation avec sa sœur jumelle. Parler d’obsession… Serait un euphémisme conséquent. Dans sa folie idéalisée par des années de solitude, Zheng a tout simplement choisi Zhang, pour en faire sa corde, la dirigeant vers la lumière au fond du tunnel. Un rayon de soleil, traversant les nuages, ou tout simplement un guide, l’exemple même de la perfection. Ce qui s’allie parfaitement avec son attitude, depuis les retrouvailles de ces deux sœurs : qu’il s’agisse des vêtements, de la façon de parler, ou même des mimiques… Zheng n’hésite pas à imiter Zhang, dans le but d’être à la hauteur de sa perfection.

Dans cet effort, Zheng se métamorphose complètement. Qu’il s’agisse de sa voix, de sa posture, ou même de ses mimiques… Imiter Zhang est semblable à une seconde nature pour lui, au point de parfois se perdre dans le jeu. Mais il ne s’agit que de cela… D’un jeu. Consciemment ou non, Zheng se savait inadéquat à un pareil exercice, et ne l’utilise qu’en cas d’extrême nécessité. Finalement, c’est sa sœur jumelle qui vit aux yeux du public, pas lui-même…

Dans tous les cas, la profondeur de la personnalité de Zheng n’est clairement pas conséquente. Si développement il aurait pu y avoir, cette occasion avait déjà été dépassée… Bien des années auparavant. Mais à cet instant, il n’y a rien d’autre que son obsession pour sa famille, et la satisfaction de ses propres pulsions, qui comptent.
Physiquement, Zheng est doté d’une apparence androgyne. Les traits fins de son visage sont, par exemple, mitigés par la froideur de son regard, aux couleurs pétillantes. Le rouge ou le jaune de ses pupilles, simples effets secondaires de sa consommation de drogues estampillés Umbrella, ne font pas réellement honneur à son sexe, après tout. Né avec des attributs de femmes, son corps a tout de même fini par se développer, à l’adolescence, bien que ses formes restent assez discrètes pour être camouflées derrière une couche normale de vêtements.

Le teint jaune, très légèrement bronzé, Zheng est surtout décrit par sa force, comparée à son corps. Son mètre 60 n’est pas pour lui une faiblesse, mais un avantage servant à piéger le plus modeste de ses assaillants. Même sous ses vêtements, il ne se vante pas d’un corps excessivement impressionnant : quelques abdominaux prononcés, des biceps légèrement gonflés, ou encore des mollets sagement sculptés… Mais rien qui n'impressionnerait un agent de l’ordre, par exemple. Zheng lui-même pouvait décrire son corps de cette manière : médiocre. À l’inverse de sa grande-sœur, donc.
                                                                                                 
Les longs cheveux noirs du psychopathe ne sont que très rarement coiffés, toujours lâchés de manière désordonnée, presque sauvage, s’arrêtant jusqu’en dessous de ses omoplates. De la même manière, ses sourcils sont légèrement broussailleux, ses lèvres fines très souvent sèches. Il fallait dire que le maquillage et le soin du corps ne sont pas un aspect fondamental de la vie d’un individu vivant de la manière de celui-ci : dans l’ombre de ses sœurs, au point que cela se remarque dans sa posture, le dos toujours voûté vers l’avant.

Le timbre de sa voix, à l’image du reste de son corps, est la victime d’un manque d’attention, l’amenant à parler avec une voix rauque, branlante, presque comme si le moindre son qui s’échappait de sa gorge était douloureux… Et c’est bien le cas. Dans l’agitation et la colère, Zheng est capable de chanter à la manière d’un grand Ibijau, oiseau nocturne d’Amérique latine. À cause de cette particularité, Zheng ne parlera que très rarement.

La marque la plus frappante de son apparence reste toutefois les multiples balafres sur son visage. Les trois cicatrices prouvent l’attaque à l’arme blanche, deux plantées horizontalement, de sa joue jusqu’à son petit nez retroussé et ses lèvres, l’autre verticale, partant de sa paupière gauche jusqu’à sa mâchoire. La profonde chair de Zheng ne se fait pas timide, sous ces blessures, assez conséquentes pour perturber l’âme la plus sensible. Sa peau ne pourra jamais cicatriser normalement, pour commencer, même si dans le fond, cela ne dérange en rien Zheng. Bien que le creux provoqué par ces coupures rend la peau de son visage plus sensible. Toucher à ces cicatrices revient à faire revivre la douleur de cet accident à l’origine d’un si terrible erreur de production.

Néanmoins, la plupart de ces défauts physiques s’absentent complètement dans un cas en particulier : lorsque Zheng imite sa sœur. Dans le but de tromper les autorités, ou les victimes potentielles des jumeaux, il arrive parfois à Zheng de prendre la place de Zhang, en adoptant la plupart de ses mimiques, sa posture, sa façon de parler… Il met même un effort dans sa voix, grâce à différentes drogues et produits d'Umbrella, et arrive à parler de longues minutes durant, pour la parfaite application de cette mission.

En termes de vêtements, il va sans dire qu’il se contente de piocher dans la garde-robe de sa sœur. Qu’il s’agisse de costumes pour hommes ou de robes pour femmes, même jusqu’à ses sous-vêtements, Zheng n’hésite pas une seule seconde à imiter le style vestimentaire de sa grande sœur, au point d’en devenir quasiment dépendant : s’il n’était pas vêtu d’un même vêtement que Zhang pourrait porter… Il se sentait mal à l’aise. Autant être nu ! Pour cette raison, et malgré son genre, il arrive souvent à Zheng de porter des vêtements estampillés femmes. De quoi rendre encore plus confus quiconque s’intéresse à son cas…
La Fortune était un concept mal approprié des êtres humains. Ou en tout cas, elle présentait une force importante de sa condition, telle qu’elle apparaissait dans les textes les plus anciens, sans pour autant que l’on arrive à l’appréhender. Malgré tout, cela n’empêchait en rien l’humanité à se servir de signes, de dons, arbitraires, pour déclarer la puissance que la Fortune avait sur ceux-ci.

Dans le cas de Zheng, il s’agissait d’une bien misérable nouvelle, bien qu’à l’instant où cette révélation l’impliquait, il n’avait même pas l’intelligence pour s’en rendre compte. Et pourtant, en ce jour déchu de 11 septembre 2014, tous les signes étaient présents. D’abord une étrange surprise, à la suite de la naissance de sa sœur, Zheng avait surtout été une énigme que même les infirmières et sages-femmes de l’hôpital ne purent élucider.

Zheng ne pleurait pas. Zheng ne criait pas. Zheng… Ne parlait pas. Zheng était un trou noir d’émotion, à l’inverse de sa jumelle qui passait son temps à hurler, chialer, beugler… Toute lumière était dirigée vers l’autre, vers elle, au point que la décision fut prise avant même que le bébé, âgé de trois mois, ne puisse s’insurger de cette situation. Zheng avait tout simplement été abandonné. Le mauvais augure qui venait avec un jumeau non-désiré, en plus du manque flagrant d’émotion, était un travail bien trop important pour des Chinois de classe supérieure, responsables d’une chaîne de restaurants quelconque du pays.

La décision n’avait pas tant que cela été difficile, et la preuve qu’il ne s’agissait que d’une anecdote, l’enfant abandonné de ses géniteurs n’en éprouvait jamais rien, jusqu’à ce jour. Plutôt que dans la ville, à proximité du progrès, des activités en tout genre, et des touristes, il grandit en milieu rural, accompagné d’une grand-mère sénile, d’une maman et d’un papa, celui-ci doté d’intentions douteuses.

La vie de l’enfant maudit n’était pas foncièrement mauvaise, ni particulièrement difficile. Malgré des responsables légaux dédaigneux, voire absents, il s’en sortait de la manière la plus banale, il avait un toit, un lit, assez de nourriture pour survivre, et se faisait de l’argent de poche en travaillant au champ de papa et maman. Le monde connaissait des changements particuliers, qu’il n’appréhendait pas encore, jusqu’à présent. Il fallait dire qu’au moment où les États-Unis tombèrent, le jumeau maléfique n’était âgé que de 4 ans… Pour lui, les États-Unis n’avaient jamais existé. Pour lui, le monde n’avait en rien changé. Du moins, pas encore.

Pourtant, la métamorphose de la Chine n’était pas une discrète entreprise, loin de là ! Tantôt la première puissance mondiale éradiquée, les autres conglomérats du Monde se firent une guerre économique acharnée, au point que l’Europe ne devint qu’un unique état, que la Corée se réunit enfin, et que la Russie se trouva l’hébergeur d’une violente milice mondiale. Toutes ces choses, il ne s’agissait que de bruit de fond pour Zheng. Cela ne l’intéressait en rien. S’il y avait bien une chose qui pouvait l’amener à poser une once d’intérêt, c’était bien sa propre survie, qui devenait, avec le temps, bien moins propice à sa vie dans ce trou paumé ; la Chine grandissait, culturellement, mais ses milieux ruraux subissaient un exode si important, qu’au bout de quelques années, le village de Zheng était devenu un littéral fantôme.

L’aubaine que représentait cette quasi-solitude n’avait rien à envier à la formation primaire d’émotions qui venaient avec. Ou plutôt, sachant que Zheng n’était pas réellement doté d’émotions neurotypiques, il était difficile pour lui d’y voir un défaut. Jusqu’à ce que ses responsables légaux ne rendent l’âme, il se contentait bien de rester dans ce village paumé, abandonné de tous pour une ruée vers l’or dans les plus grandes cités du pays. Ce qui représenta une bien belle chance ; finalement, très peu de ces migrants repartaient riches de leur exode calculé. Zheng préférait encore vivre seul, que de passer le reste de ses jours au champ, ou à l’usine. D’autant plus que ces pensées lui venaient lorsqu’il n’avait que 10 ans…

C’était également l’âge où les découvertes concernant son passé le frappaient, à la manière d’une bombe. Ou plutôt qu’une bombe, il s’agissait, pour sa part, d’un coup de batte sur l’arrière du crâne. La télévision dans le logement où il était hébergé ne diffusait jamais aucune autre scène que celle exigée par la chaîne nationale la plus importante. Il y avait bien un jour où, par inadvertance, Zheng s’était retrouvé agglutiné face à l’écran, pour une raison excessivement logique : la compétition nationale junior de gymnastique présentait la victoire d’une jeune fille de dix ans, dont le visage… Ressemblait parfaitement au sien. Il était vrai, son corps ne ressemblait pas à celui de Zheng ; cette étrange Doppelgänger était déjà plus forte, physiquement. Sans parler de ses cheveux, plus courts que les siens. Elle avait un meilleur contrôle de son corps, et son nom était foncièrement différent. Zhang Wu Zhao… S’appelait-elle. Zheng n’avait même pas de nom de famille. Et ce prénom était la seule chose qui la liait à ses origines, semblait-il. Cette fille était certainement la clé. Mais pour y accéder, il devait déjà fuir cet endroit.

La problématique concernant son existence commençait néanmoins à se jouer à cet instant précis. Qui étaient ces deux bons samaritains qui veillaient sur le jumeau, depuis toutes ces années ? Que gagnaient-ils à faire cet effort palpable, face à l’arrivée incongrue de cet enfant aux tendances antisociales, dès son plus jeune âge ? La réponse se trouvait à l’adolescence de Zheng, qui découvrit avec horreur le secret derrière sa propre apparence, ainsi que sa sexualité.

Zheng ne s'était jamais considéré comme un garçon, mais pas comme une fille non plus. Certainement parce que son éducation au village avait volontairement été restreinte, dans le but de le manipuler plus facilement. Zheng était fort, donc il était un homme. Zheng était droit, donc il était une femme. Zheng était violent, hystérique, égocentrique, et mutique, donc il était un homme et une femme ?  Zheng était antisocial, donc… Qu'était-il, au juste ? Est-ce que cette confusion fit en sorte qu'il méritait de subir les pires bassesses de l’humanité ? La question revenait souvent dans la bouche des derniers rescapés de cette cité fantôme : pourquoi avait-il été abandonné à son sort, à cet endroit en particulier ? Pourquoi était-il si étrange ? Pourquoi ne parlait-il jamais ? Pourquoi, à défaut d’être une femme, son corps se transformait au fil des jours, semaines, mois, pour afficher des hanches, des fesses, une poitrine, que l’on attribuait à la gente féminine ?

Ces questions n’avaient pas forcément de réponses ; Zheng n’y voyait que des pertes de temps inutiles. Il était là, présent, entouré d’individus qu’il ne considérait même pas. Grand-mère était morte depuis bien des années, maintenant. Pas qu’il en avait quelque chose à faire. Papa voyait en cette évolution du corps de son protégé une aubaine qu’il regretterait. Tout allait bien, dans le meilleur des mondes. Ils avaient une bonne chose. Ils étaient parfaitement lotis. Ils étaient biens.

Pourquoi, alors, tout gâcher ? Pourquoi jeter à la poubelle des années, et des années de convivialité, par une simple pulsion érotique ? La personnalité de Zheng l’empêchait de faire attention à ces détails, dans les agissements de ses aïeuls. Pire, l’empathie faisant clairement défaut, il arrivait un point où il ne put réellement se contenter de simples observations pour prévoir la suite. Ce qui joua contre sa propre dignité, si ce n’était que la folie de l’homme qui l’hébergeait était à la même hauteur que son énergie.

TRIGGER WARNING:

Ce dernier, d’ailleurs, était complètement tétanisé. Comme toujours Papa ne parlait jamais à Zheng, ne lui donnait jamais de cadeau, ni d’affection, car il avait peur. Cet enfant avait toujours fait peur à son entourage, jusqu’au point où on ne le traitait plus comme un humain. À cet assaut qu’il venait de subir, le jeune paysan s’en retrouvait galvanisé… Non pas pour cet abus de son corps, mais surtout pour la situation grisante que c’était, d’attaquer quelqu’un avec violence. Les animaux, eux, ne se défendaient jamais assez, ou beaucoup trop. Là, il avait enfin un adversaire de sa taille, ce qui lui permettrait d’étudier chacune de ses réactions.

À cette observation, quoi de mieux alors, que de continuer ? Il lui avait fallu plus que deux coups du tiroir pour arrêter complètement l’horrible pédophile. Au quatrième coup sur la tête, l’homme ne se plaignit plus, alors que le sang giclait d’autant plus. Au septième, son corps ne fut plus pris de spasmes au rythme des bras de Zheng. Et au dixième… Le sang ne giclait plus. Par contre, en relevant l’objet, le meurtrier remarquait une matière rosâtre, visqueuse, venant tout droit du crâne de Papa. « Huh. » Ce fut la seule chose qu’il prononça, avant de sourire, étrangement. Cet acte était dangereux, mais dans celui-ci, il y gagnait un sentiment de domination extrême. Lui-même avait pris la décision d’arrêter la vie de cet individu, non pas par vengeance, ni même héroïsme, mais dans le simple but d’appréhender cette démangeaison qui régnait en lui depuis sa plus tendre enfance.

Maman n’échappa pas au courroux du psychopathe pour autant. Celle-ci avait fini par rejoindre la chambre de Zheng, après avoir entendu autant de bruit. Ce fut la dernière fois que les habitants de cette maison pouvaient jouir d’un vivant propice à la condition humaine. Ils étaient morts. Si bien que Zheng ne se rappelât plus du tout de leurs prénoms.

Il y avait tant à faire, à présent… Tout d’abord, l’adolescent décida de faire brûler la maison, en entier, avant d’assassiner tous les animaux que cette famille élevait. Il décida ensuite de rejoindre Zhang… Peu importe qui elle était, il était persuadé que celle-ci avait de quoi l’aider à comprendre ce qu’il voulait comprendre. Que voulait-il comprendre ? Il n’en savait rien. Il voulait simplement… Se sentir entier, dirait-on. Entier, et en phase avec sa propre identité. Zhang était la clé. Zhang était la plus propice à l’aider. Donc Zhang était la cible.

Néanmoins, Zheng pouvait être stupide, et inculte, mais il comprenait que le monde en-dehors de la zone rurale chinoise était bien plus accablant, en raison de l’importance de l’argent. Zheng partait avec un handicap, sachant que l’incendie impulsif ne lui avait pas donné le temps de récupérer assez d’argent pour survivre à un voyage jusqu’à Beijing. L’ironie se trouvait surtout dans un fait évident : pour gagner son pain, il fallait travailler. Mais dans son état, véritable fugitif, sans papiers, ni identité, il serait plus simple de travailler au noir. Cela demanderait de l'effort, et de l'ingéniosité, deux qualités qui manquaient fondamentalement au psychopathe. Quoi de mieux, alors, que de vivre de petits vols et autres activités illégales, durant tout ce chemin vers sa salvation.

Impulsif, et surtout désespéré, affaibli, affamé, Zheng ne carburait qu’à l’idée de retrouver cette personne qui lui était familière. La vie de Zheng en tant que fugitif fut assez difficile pour le commun des mortels, mais même lui n’en sortit pas sans égratignure. Trouver ce sosie n'avait pas été difficile. Traverser la Chine, de la campagne à la ville, n'avait amené aucun problème particulier. La famille Wu Zhao n'était même pas difficile à retrouver ! Ce qui manquait à Zheng, néanmoins, c'était… De la dignité. Ou alors un moyen pour lui d'être présentable, à la hauteur de l'exigence demandée pour rencontrer une personne qui lui était chère, avant même de la connaître réellement. Il allait sans dire que, du point de vue de Zheng, son idole au visage parfait était un exemple de perfection, qu'on ne pouvait égaler.

Vivre à Beijing était totalement différent de la vie en campagne. Les journées étaient bien plus longues, on demandait beaucoup plus des gens : travail, métro, travail, et encore du travail… Vivre sans argent, dans cette civilisation de fer revenait à du suicide. Et le simple vol à l'étalage mènerait Zheng à se faire poursuivre par des Spetsnaz, qui le confondraient pour une sorte d'agent du crime, ou quelque chose du genre ; encore une fois, les capacités de compréhension du jeune Chinois étaient excessivement en-deçà de ce que l'on demandait d'un adolescent de son âge. Quoi de mieux pour lui que de travailler en usine, tout en surveillant (lire, épier) la famille Wu Zhao, dans le but d'en appréhender les us et coutumes.

De son point de vue, externe, étranger à ce cadre intime, Zhang n'était pas heureuse. Elle semblait incomprise, en raison de son intelligence. Délaissée malgré ses capacités. Qu'il s'agisse de sa vie à la maison, ou de ses problèmes à l'école, la jumelle parfaite était loin d'être traitée comme il se devait. De nombreuses fois, Zheng avait pour envie de se présenter à Zhang, dans le but de lui donner l'admiration qu'elle méritait, mais le temps passait, les jours, puis les mois s'écoulaient, et… Zheng ne trouvait jamais le moment opportun. En tout cas, il s'en persuadait.

Le seul moment où il pensait pouvoir agir, c'était quand il se rendait compte des agissements des camarades de classes de Zhang ; ceux-ci la traitaient comme une sorte de paria, lui manquaient de respect. Des actes simples, en réalité, qui semblaient passer outre l'observation de l'administration de l'école : Zheng se faisait voler ses chaussures, moquer, ou utiliser par ses amies aux tendances sociopathes. Zheng ne pouvait même pas le savoir, mais elles étaient également à l'origine de cruelles rumeurs concernant Zhang. Et pour quelle raison ? Il était difficile de comprendre les discours d'individus aussi jaloux que pathétiques. Ce que retenait le psychopathe, c'était qu'au lycée, tout comme à la maison, Zhang ne vivait en aucun cas une vie de plaisir. Il y avait donc bien un moyen de mitiger cette douleur, mais cela demandait de proférer cet acte diabolique, pire péché de l'existence, une seconde fois.

Il n'y avait plus besoin de le présenter, néanmoins, Zheng ne voyait plus cet acte comme une épreuve importante de son passage à l'âge adulte, mais une simple formalité cohérente avec sa passion. Suivre la leader des harceleurs de Zhang après les cours… Jusqu'à ce ce qu'elle se trouve dans une rue isolée ? La kidnapper, l'entraîner dans un entrepôt ? La ruer de coups, jusqu'à ce que ses larmes ne deviennent que de la morve et des beuglements criards, dignes d'un animal dépecé ? La torturer, même ? Que de simples formalités. Les conséquences pouvaient bien aller se faire voir, tant que cela rendait Zhang heureuse. Et quoi de mieux que de faire passer un message de la sorte ? Zheng ne fit même pas l'effort de cacher le corps, simplement ses traces, rien de bien difficile, même pour quelqu'un d'aussi stupide.

Sans aucune surprise, l'administration du lycée de Zhang s'était retrouvée complètement désemparée, l'administration tentant de sauver les meubles en explicitant que ce meurtre ne pouvait avoir aucun lien avec l'établissement. Cela ne changeait rien, pour Zheng. Encore moins pour Zhang, qui s'était retrouvée libérée de toute forme de harcèlement, se rassurait-il. Bien que les conséquences qui allaient avec cette réalisation ne traversaient à aucun moment la cervelle du meurtrier, pour lui, sa tâche avait été accomplie avec brio.

Vivre cette double vie, de fugitif criminel et d'ouvrier en usines demandait tant d'efforts de Zheng qu'il dut être forcé de consommer des produits énergisants estampillés Umbrella Incorporated. Les effets secondaires multiples montraient encore de leur trace, jusqu'au présent : couleur et forme des yeux anormale, voix brisée, ou même un corps de moins en moins solide. En même temps, les pulsions de mort devenaient bien plus puissantes, au point que ses victimes ne s'arrêtaient pas aux connaissances de Zhang. Durant les années 2031 et 2032, la rumeur d'un tueur d'animaux de compagnie, surtout des chats, en série fou à Beijing était le sujet principal des médias locaux.

Voilà tout ce que Zheng avait appris sur lui-même, et le monde, durant ces multiples mois à jouer avec son corps, et la corruption psychique en tout genre, à l’aide de ses connaissances peu fréquentables : il détestait la compagnie. Et pourtant… Il ne s’en lassait jamais. Il adorait d’ailleurs qu’on lui apporte de l’attention. Pour cela, il n’hésitait pas à user de méthodes de manipulation banales, pour s’attirer les faveurs des hommes traitant Zheng comme une jeune adolescente qu’ils pouvaient abuser, bien qu'il se refusait toute relation sexuelle. Le sexe n’était pas une pratique qui l’intéressait particulièrement, et malgré l’importance que cela semblait avoir sur ses pairs, il préférait ne pas s'aventurer dans ce chemin-là. Par contre, l'idée assassiner les individus, cela lui apportait un plaisir assez malsain. Bien sûr, Zheng ne se considérait pas comme un tueur en série ; l’appellation était ridicule, pensait-il souvent ! En plus du fait qu'il n'avait tué que deux humains, pour le moment. Mais les tueurs les plus célèbres étaient des animaux, disait-il toujours à quiconque voulait l’entendre, se servant de rituels malsains pour passer un message ridicule aux autorités. Zheng était bien plus noble, dans le sens où il n’assassinait que par nécessité. Ou du moins, c’était ce qu’il aimait faire croire…

L'été 2032 fut une période assez calme pour la famille Wu Zhao ; il n'y prêtait pas attention, mais Zhang avait une petite soeur, qui était la favorite de ses parents. Cela ne choquait pas forcément Zheng ; mais ce qui l'inquiétait, c'était que leur famille était partie en vacances à la fin de la saison. Juste avant que Zhang n'entre à l'université, ceux-ci avaient, du point de vue du jumeau détestable, complètement disparus.

Toujours aussi impassible, et même incapable de subir une défaite aussi cuisante, il ne lui avait que suffit de pénétrer dans le restaurant familial par effraction, la nuit, pour y glaner des informations. Si toute la famille était en vacances, alors il devait bien y avoir quelque chose qui pourrait lui donner une idée d’où ils se trouvaient, et… Bingo. Entre revues et documents concernant les places à l’hôtel, et les billets de train, leur destination était évidente : ils passaient les dernières semaines des vacances d’été à la plage de Yalong Bay.

Zheng avait déjà pris sa décision. Quitte à se faucher, il devait retrouver Zhang le plus vite possible, bien qu’encore une fois… Il ne comprenait pas pourquoi. Ses actions n’étaient qu’une suite d’actes impulsifs qui le mettaient toujours plus dans une mouise profonde. Mais ce jour-là, il s’agissait de la bonne. Ce jour-là, lorsqu’il réserva une Delamain, en utilisant toutes ses dernières économies pour l’amener en direction de Zhang, son autre moitié, son âme-sœur… Il était persuadé de faire le bon choix.
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