Make money. Repeat.
Gina n'a jamais été le couteau le plus affuté du tiroir. Elle a été à l'école jusqu'à ses seize ans mais n'y a strictement rien appris. Le simple fait d'être piégée dans une classe sans pouvoir en sortir la rendait complètement cinglée. Même si au fond certains diront que c'est déjà le cas sans y avoir foutu les pieds. La jeune femme possède cependant l'expérience de la rue. Elle sait où dénicher des armes, de la bouffe et où passer une nuit au chaud. Elle argumentera que dans ce monde pourri, son CV vaut largement mieux que les autres.
Gina possède une détermination rare. Certains la qualifieront de têtue comme une bourrique et c'est fondamentalement le cas. Elle ne lâche rien et fera tout pour remplir ses objectifs. Aussi débiles soient-ils. Cela peut être la réussite d'une mission ou le déverrouillage d'un pot à cornichons. Elle aime toutes sortes de défis et mettra un point d'honneur à provoquer quiconque clamera lui être supérieur. Heureusement, la jeune femme canalise toute cette énergie au quotidien dans la mécanique, seule discipline qui la relie un tant soit peu au reste de l'humanité.
Gina n'est pas féminine pour deux sous. Du moins selon les clichés relayés dans les médias. Elle porte ses cheveux relativement courts afin que ces derniers ne la dérangent pas et se plait à les teindre de toutes les couleurs selon ses envies, ayant tout de même un penchant pour le rouge primaire. De la même manière, elle prend rarement soin de son apparence, prenant tout juste la peine d'enfiler des fringues propres. Elle se contente généralement d'une paire de jeans, d'un débardeur surmonté d'une veste en cuir et d'une paire de dock martens. La mode est le cadet de ses soucis.
Gina marche comme un bonhomme, comme si le monde lui appartenait. Sa démarche est lourde, assurée et sa gestuelle peu raffinée. Généralement les gens changent de trottoir en la voyant. C'est mieux qu'un rottweiler. La jeune italienne est bruyante et s'exprime dans un langage très fleuri qui fait la part belle à son manque flagrant d'éducation.
Benjamine d'une fratrie de quatre, la fillette fut rapidement confiée au soins de son aînée qui malheureusement n'avait pas les compétences pour cela. Gina grandit ainsi sans contrôle, s'évertuant à rendre la vie de ses proches presque impossible. Son père essaya bien de la discipliner de la manière forte mais cela ne fit que renforcer un caractère d'une dureté incroyable. Elle était toujours fourrée à droite à gauche et rentrait souvent une fois la nuit tombée les fringues en lambeaux et couverte de blessures en tous genres.
Son adolescence s'avéra plus dure encore.
Véritable garçon manqué, Gina se mit à traîner avec tous les bad boys du quartier, fils de mafieux pour la plupart ou alors trempant dans le métier depuis leur enfance. Elle y apprit tout ce qui lui servirait plus tard dans sa vie de criminelle. La scampia était un peu une prison à ciel ouvert dans laquelle il était relativement aisé de rencontrer des gens compétents. Pour peu qu'on soit un minimum curieux et motivé. Notamment tout ce qui touchait à la baston et au trafic. Elle ne s'en priva évidemment pas, faisant même quelques séjours en maison de redressement pour mineurs. Des cures déstressantes qui lui firent le plus grand bien.
Elle n'avait rien d'une poupée de mafieux.
Gina avait le don de se retrouver toujours du côté des gagnants. A tel point que certains de son entourage pensaient qu'elle avait de véritables dons de voyance. Surtout ses amis pour le coup, sa famille étant reléguée au second plan. Son statut de porte bonheur la conduit éventuellement au service de plusieurs capo locaux toujours à l’affût de personnel compétent dans un monde criminel en pleine extension. Du personnel qui n'avait peur de rien et surtout qui n'irait pas tout balancer à la vue du premier flic. Ca tombait bien.
Plus têtue que la jeune femme, ça n'existait pas.
Gina se découvrit à l'âge adulte une passion pour la vitesse et particulièrement les bolides italiens de pure souche. Avec une préférence pour les anciennes Lamborghini. Afin de parfaire ses connaissances, elle fut embauchée dans un garage non loin de sa scampia natale. Certaines rumeurs avaient évoqué des menaces mais celles-ci s'avérèrent éventuellement sans fondements. Elle ne vit cependant pas cette passion comme un job à plein temps, préférant de loin l'excitation et les récompenses d'une vie de malfrat. La jeune femme espérait cependant pouvoir fusionner ces différents aspects de sa vie un jour. L'amour des bagnoles, de la baston et du pognon.
Le destin lui fut favorable.
Après quelques années de métier à jouer les sous-fifres, une connaissance, cousin sicilien lointain de son paternel, l'introduisit à une organisation secrète immatérielle dénommée Crime.net. Une organisation qui lui faciliterait assurément la vie, pour peu qu'elle se montre à la hauteur. Le début d'une grande aventure. Ou d'une triste fin...
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