Cher Révérend Père François-Louis
Ce courriel est tout d’abord une sincère salutation de ma part, votre ami le Père Timo, siégeant à la septentrionale Helsinki. Notre dernière conversation remonte à dix pleines lunes et je ne peux que m’excuser de ne pas vous tenir informé plus souvent de notre avancement. Comme vous le savez fort bien, l’hiver en nos terres nordiques apporte son lot de contraintes sur le plan logistique. Rester discrètement à l’écoute des agissements de nos voisins russes se révèle toujours aussi délicat en ces temps hivernaux, surtout au vu de nos effectifs limités. Je peux cependant vous garantir que notre mission poursuit correctement son cours. Nous entamons d’ailleurs la finalisation de notre troisième rapport, que nous vous enverrons prochainement.
Je profite également de ce courriel pour vous exprimer formellement une requête, Mon père. Connaissant votre infini respect pour le protocole ecclésiastique, je m’excuse de ne pas détailler ma demande dans un second courriel, mais je crois à l’engouement qu’elle pourra susciter en vous. Pour faire simple, je souhaiterais transférer en Italie auprès de votre éminente personne, un membre de notre succursale finlandaise. Elle se nomme Linda Jakobson, est un pur enfant du Pays des Mille Lacs et l’optique de la voir intégrer les rangs de notre branche principale, me réjouit d’avance. Bien évidemment, j’ai plusieurs arguments, autre que le chauvinisme visant à crédibiliser le potentiel de ce prospect.
Tout d’abord, il est important de confirmer la qualité du travail et le professionnalisme qu’elle fournit au sein de notre branche. Dans chacune des missions que nous lui attribuons, se reflète son incroyable résilience vis-à-vis des imprévus ou même des crasses composant notre monde. Je me suis d’ailleurs demandé de nombreuses fois, s’il existait des éléments pouvant la terroriser et abattre sa volonté d’avancer. Plus que tout, cette jeune femme cherche l’optimale efficacité dans les missions que nous lui attribuons. Sans l’ombre d’un doute, elle est l’archétype de la planificatrice méticuleuse calculant les certitudes et les zones d’ombres dans tous les choix s’offrant à elle. La prise finale des décisions est un domaine dans lequel elle peut cela dit s’améliorer. Une affectation au sein de notre branche principale, mêlée à une plus grande ouverture à notre monde, l’y aiderait grandement.
Diplômée des Langues à l’université d’Helsinki, je ne doute guère de ses aptitudes présentes et de sa capacité à grapiller du savoir. Son multilinguisme est en plus un atout sur lequel nous pouvons nous appuyer, puisqu’elle comprend plusieurs langues étrangères tels que l’anglais ou le russe. La dépassement de soi étant l’un des traits les plus marqués de sa personnalité, elle n’est jamais contre l’élargissement de ses connaissances et l’ouverture vers de nouveaux horizons. Cette insatiété pour ce monde traduit l’ambition d’y jouer un rôle impactant, même minime. Quand bien même, la jeune femme n’aspire pas à l’opulence, elle a conscience que l’argent est une source nécessaire pour concrétiser ses rêves. D’ailleurs, elle est celle à l’origine de cette demande de transfert, car elle comprend toutes les opportunités qui s’offriront à elle une fois à vos côtés. À travers cette lettre, je ne fais que vous délivrer mon avis le plus honnête et s’il est certes flatteur pour le moment, je me dois malgré tout de souligner les points sensibles plombant le portrait de la jeune demoiselle.
De la même manière que le vin, elle ne se marie pas avec tout le monde. Peu bavarde, elle n’est pas souvent à l’initiative des conversations, ce qui peut poser problème pour le travail en équipe. À vrai dire, j’ai dû me montrer insistant pour en apprendre plus sur elle, auquel cas elle se serait satisfaite de sa solitude qu’elle juge agréable et de cette distance qu’elle impose naturellement à son entourage. Généralement, elle se contente d’une entente professionnelle auprès de ses pairs et c’est que ce que nous lui demandons. Malgré tout, elle n’est étonnamment pas réfractaire aux mélanges sociaux et aux exercices verbaux. En effet, sous sa distante stoïcité associée à tort à de la timidité (et qui se rapprocherait plus d’une méfiance envers autrui), la linguiste dévoile une curiosité étendue sur une grande disparité de domaines, tels que le sport ou la santé. Cette facette désintéressée qu’elle affiche au monde entier n’est finalement qu’une contradiction la desservant cruellement.
Cette contradiction est d’autant plus flagrante lorsque vous souhaitez partager la conversation avec elle. Le rythme vocal qu’impose Linda est une atmosphère étouffante où l’amabilité et l’hostilité se mélangent dangereusement. Ses avis sont souvent bornés, reflet d’un caractère franc, farouche voire même impitoyable. Férus de connaissances, elle gamberge beaucoup pour étoffer ses opinions, parfois trop. Ceux en faisant de même ont réciproquement beaucoup de crédits à ses yeux et à contrario, les brutes sans cervelle ne récoltent pas ses hommages. Dans tous les cas, la convaincre n’est pas un jeu d’enfant. Pour ce faire, il faut savoir la convaincre du bien-fondé de ses réflexions et lors de certaines discussions, elle peut se montrer étroite d’esprit voir agressive.
À titre d’exemple, son chauvinisme l’empêche d’apprécier toute la beauté des autres pays. D’un autre côté, ce même patriotisme est également le moteur de sa vie. Plus que tout, elle tient à préserver sa patrie et ses racines, des vautours et autres êtes scrupuleux. Au sein de notre organisme religieux, elle peut prétendre à la réalisation de ses ambitieux objectifs et même si elle adhère globalement à nos activités, sa logicité la pousse jusqu’à questionner les fondements sacrés de notre sainte religion... Alors, il est vrai, Mon Père, que ce dernier point est particulièrement négatif au vu de nos profondes racines ecclésiastiques. Toutefois, dans ce monde où la décadence est une banalité, personne ne nous blâmera d’un petit paradoxe négligeable…
Ce courriel est tout d’abord une sincère salutation de ma part, votre ami le Père Timo, siégeant à la septentrionale Helsinki. Notre dernière conversation remonte à dix pleines lunes et je ne peux que m’excuser de ne pas vous tenir informé plus souvent de notre avancement. Comme vous le savez fort bien, l’hiver en nos terres nordiques apporte son lot de contraintes sur le plan logistique. Rester discrètement à l’écoute des agissements de nos voisins russes se révèle toujours aussi délicat en ces temps hivernaux, surtout au vu de nos effectifs limités. Je peux cependant vous garantir que notre mission poursuit correctement son cours. Nous entamons d’ailleurs la finalisation de notre troisième rapport, que nous vous enverrons prochainement.
Je profite également de ce courriel pour vous exprimer formellement une requête, Mon père. Connaissant votre infini respect pour le protocole ecclésiastique, je m’excuse de ne pas détailler ma demande dans un second courriel, mais je crois à l’engouement qu’elle pourra susciter en vous. Pour faire simple, je souhaiterais transférer en Italie auprès de votre éminente personne, un membre de notre succursale finlandaise. Elle se nomme Linda Jakobson, est un pur enfant du Pays des Mille Lacs et l’optique de la voir intégrer les rangs de notre branche principale, me réjouit d’avance. Bien évidemment, j’ai plusieurs arguments, autre que le chauvinisme visant à crédibiliser le potentiel de ce prospect.
Tout d’abord, il est important de confirmer la qualité du travail et le professionnalisme qu’elle fournit au sein de notre branche. Dans chacune des missions que nous lui attribuons, se reflète son incroyable résilience vis-à-vis des imprévus ou même des crasses composant notre monde. Je me suis d’ailleurs demandé de nombreuses fois, s’il existait des éléments pouvant la terroriser et abattre sa volonté d’avancer. Plus que tout, cette jeune femme cherche l’optimale efficacité dans les missions que nous lui attribuons. Sans l’ombre d’un doute, elle est l’archétype de la planificatrice méticuleuse calculant les certitudes et les zones d’ombres dans tous les choix s’offrant à elle. La prise finale des décisions est un domaine dans lequel elle peut cela dit s’améliorer. Une affectation au sein de notre branche principale, mêlée à une plus grande ouverture à notre monde, l’y aiderait grandement.
Diplômée des Langues à l’université d’Helsinki, je ne doute guère de ses aptitudes présentes et de sa capacité à grapiller du savoir. Son multilinguisme est en plus un atout sur lequel nous pouvons nous appuyer, puisqu’elle comprend plusieurs langues étrangères tels que l’anglais ou le russe. La dépassement de soi étant l’un des traits les plus marqués de sa personnalité, elle n’est jamais contre l’élargissement de ses connaissances et l’ouverture vers de nouveaux horizons. Cette insatiété pour ce monde traduit l’ambition d’y jouer un rôle impactant, même minime. Quand bien même, la jeune femme n’aspire pas à l’opulence, elle a conscience que l’argent est une source nécessaire pour concrétiser ses rêves. D’ailleurs, elle est celle à l’origine de cette demande de transfert, car elle comprend toutes les opportunités qui s’offriront à elle une fois à vos côtés. À travers cette lettre, je ne fais que vous délivrer mon avis le plus honnête et s’il est certes flatteur pour le moment, je me dois malgré tout de souligner les points sensibles plombant le portrait de la jeune demoiselle.
De la même manière que le vin, elle ne se marie pas avec tout le monde. Peu bavarde, elle n’est pas souvent à l’initiative des conversations, ce qui peut poser problème pour le travail en équipe. À vrai dire, j’ai dû me montrer insistant pour en apprendre plus sur elle, auquel cas elle se serait satisfaite de sa solitude qu’elle juge agréable et de cette distance qu’elle impose naturellement à son entourage. Généralement, elle se contente d’une entente professionnelle auprès de ses pairs et c’est que ce que nous lui demandons. Malgré tout, elle n’est étonnamment pas réfractaire aux mélanges sociaux et aux exercices verbaux. En effet, sous sa distante stoïcité associée à tort à de la timidité (et qui se rapprocherait plus d’une méfiance envers autrui), la linguiste dévoile une curiosité étendue sur une grande disparité de domaines, tels que le sport ou la santé. Cette facette désintéressée qu’elle affiche au monde entier n’est finalement qu’une contradiction la desservant cruellement.
Cette contradiction est d’autant plus flagrante lorsque vous souhaitez partager la conversation avec elle. Le rythme vocal qu’impose Linda est une atmosphère étouffante où l’amabilité et l’hostilité se mélangent dangereusement. Ses avis sont souvent bornés, reflet d’un caractère franc, farouche voire même impitoyable. Férus de connaissances, elle gamberge beaucoup pour étoffer ses opinions, parfois trop. Ceux en faisant de même ont réciproquement beaucoup de crédits à ses yeux et à contrario, les brutes sans cervelle ne récoltent pas ses hommages. Dans tous les cas, la convaincre n’est pas un jeu d’enfant. Pour ce faire, il faut savoir la convaincre du bien-fondé de ses réflexions et lors de certaines discussions, elle peut se montrer étroite d’esprit voir agressive.
À titre d’exemple, son chauvinisme l’empêche d’apprécier toute la beauté des autres pays. D’un autre côté, ce même patriotisme est également le moteur de sa vie. Plus que tout, elle tient à préserver sa patrie et ses racines, des vautours et autres êtes scrupuleux. Au sein de notre organisme religieux, elle peut prétendre à la réalisation de ses ambitieux objectifs et même si elle adhère globalement à nos activités, sa logicité la pousse jusqu’à questionner les fondements sacrés de notre sainte religion... Alors, il est vrai, Mon Père, que ce dernier point est particulièrement négatif au vu de nos profondes racines ecclésiastiques. Toutefois, dans ce monde où la décadence est une banalité, personne ne nous blâmera d’un petit paradoxe négligeable…
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Sachant que Mon Père, vous accordez une grande importance à l’apparence de nos agents (surtout féminins), je joins à cette lettre une photo de ladite de Linda Jakobson. Elle a été prise récemment et devrait vous permettre de vous faire un premier avis du candidat que je vous recommande. Cela dit, Un cliché, de sa nature statique ne peut vous apporter la totalité des informations nécessaires à votre décision. Par exemple, il vous est difficile d’estimer les mensurations de la jeune femme tels que sa taille ou le regard que porte le public sur sa personne. Dans la mesure du possible (et puisque je suis en train de vous écrire), je vais donc essayer de lever le voile sur ces quelques interrogations.
Pour commencer, même si la photo vous en donne un petit aperçu, sa peau peut effectivement troubler. Sa lueur blanchâtre s’approche de l’ivoire, matière dont la couleur évoque la pureté. À vrai dire, les étrangers trouvent son teint plutôt cadavériques ou spectrales. Néanmoins, les septentrionaux savent que ce teint si immaculé est une banalité qu’elle a bêtement hérité de ses origines nordiques. Il sied d’ailleurs à merveille avec les nombreux paysages enneigés de sa patrie que sa patrie a à offrir. Dans ces panoramas hivernaux se fond également sa soigneuse pilosité dotée d’un éclat blond platine. Au-delà de leur couleur laiteuse, sa coiffure taillée au carrée et ses sourcils taillées finement renvoient une farouche rigidité et un professionnalisme digne des secrétaires les plus méticuleuses.
Ses lèvres elle-aussi ne manquent pas d’épouser une forme proche de l’hostilité. Bien que leur délicatesse pousse à l’attirance, ces dernières ne s’illuminent pas beaucoup et la monotone voix glaciale qui en échappe n’a rien de réconfortant non plus. Elles sont entre autres l’un des plus forts symboles de son flegme glaçant, bien plus que son petit nez brise-glaces le surplombant. Au sein de notre équipe septentrionale, peu de membres peuvent se vanter lui avoir arraché un sourire et je dois avouer ne pas y être parvenu non plus. L’autre trait démontrant toute sa froideur est sans conteste son regard dont une partie est cachée derrière une mèche blanche. Plissés, ses yeux aux pupilles abyssales ne donnent pas l’impression de propager la gentillesse. Ils peuvent paraître pesants voire agressifs. Pourtant, ses yeux et son visage de manière plus globale laissent généralement apparaître un aspect neutre en attente d’un jugement parfois terrifiant.
D’un point de vue plus global, Linda a hérité d’une taille honnête approchant le mètre quatre-vingts. Concernant son poids et son tour de poitrine, je crains malheureusement que Linda n’ait pas été très coopérative. Si la photo ne vous suffit vraiment pas, alors je ne peux que vous inviter à la transférer auprès de votre branche en Italie. Je peux en revanche vous confirmer que la finlandaise prend correctement soin d’elle. Elle se dépense régulièrement en pratiquant du sport et fait particulièrement attention à ce qu’elle mange. Son but premier n’est pas d’être mince, simplement d’être en bonne santé. Pour l’heure, il est tout de même avéré que la jeune femme jouit d’une silhouette particulièrement élancée. Peut-être daignera-t-elle à vos côtés la mettre plus avant, mais je crains que son professionnalisme ainsi que son attrait pour l’hiver la poussent à se vêtir formellement dans un chic assez discret…
Puisque cette lettre approche son terme, il est temps pour moi de vous remercier, comme toujours, d’avoir pris le temps de me lire. J’espère une réponse rapide et favorable de votre part et serais attristé du contraire. Bien entendu, Mon Père, la décision finale vous appartient et je ne cherche absolument pas à vous influencer. Simplement, je me mets en attente de cette dernière et vous adresse une nouvelle fois mes sincères remerciements.
Votre Ami, le Père Timo
Pour commencer, même si la photo vous en donne un petit aperçu, sa peau peut effectivement troubler. Sa lueur blanchâtre s’approche de l’ivoire, matière dont la couleur évoque la pureté. À vrai dire, les étrangers trouvent son teint plutôt cadavériques ou spectrales. Néanmoins, les septentrionaux savent que ce teint si immaculé est une banalité qu’elle a bêtement hérité de ses origines nordiques. Il sied d’ailleurs à merveille avec les nombreux paysages enneigés de sa patrie que sa patrie a à offrir. Dans ces panoramas hivernaux se fond également sa soigneuse pilosité dotée d’un éclat blond platine. Au-delà de leur couleur laiteuse, sa coiffure taillée au carrée et ses sourcils taillées finement renvoient une farouche rigidité et un professionnalisme digne des secrétaires les plus méticuleuses.
Ses lèvres elle-aussi ne manquent pas d’épouser une forme proche de l’hostilité. Bien que leur délicatesse pousse à l’attirance, ces dernières ne s’illuminent pas beaucoup et la monotone voix glaciale qui en échappe n’a rien de réconfortant non plus. Elles sont entre autres l’un des plus forts symboles de son flegme glaçant, bien plus que son petit nez brise-glaces le surplombant. Au sein de notre équipe septentrionale, peu de membres peuvent se vanter lui avoir arraché un sourire et je dois avouer ne pas y être parvenu non plus. L’autre trait démontrant toute sa froideur est sans conteste son regard dont une partie est cachée derrière une mèche blanche. Plissés, ses yeux aux pupilles abyssales ne donnent pas l’impression de propager la gentillesse. Ils peuvent paraître pesants voire agressifs. Pourtant, ses yeux et son visage de manière plus globale laissent généralement apparaître un aspect neutre en attente d’un jugement parfois terrifiant.
D’un point de vue plus global, Linda a hérité d’une taille honnête approchant le mètre quatre-vingts. Concernant son poids et son tour de poitrine, je crains malheureusement que Linda n’ait pas été très coopérative. Si la photo ne vous suffit vraiment pas, alors je ne peux que vous inviter à la transférer auprès de votre branche en Italie. Je peux en revanche vous confirmer que la finlandaise prend correctement soin d’elle. Elle se dépense régulièrement en pratiquant du sport et fait particulièrement attention à ce qu’elle mange. Son but premier n’est pas d’être mince, simplement d’être en bonne santé. Pour l’heure, il est tout de même avéré que la jeune femme jouit d’une silhouette particulièrement élancée. Peut-être daignera-t-elle à vos côtés la mettre plus avant, mais je crains que son professionnalisme ainsi que son attrait pour l’hiver la poussent à se vêtir formellement dans un chic assez discret…
Puisque cette lettre approche son terme, il est temps pour moi de vous remercier, comme toujours, d’avoir pris le temps de me lire. J’espère une réponse rapide et favorable de votre part et serais attristé du contraire. Bien entendu, Mon Père, la décision finale vous appartient et je ne cherche absolument pas à vous influencer. Simplement, je me mets en attente de cette dernière et vous adresse une nouvelle fois mes sincères remerciements.
Votre Ami, le Père Timo
Ses ongles ont été modifiés dans un but purement militaire. Ils sont désormais nettement plus solides et tranchants. Ils peuvent également être rapidement déployés sur une distance maximale de deux mètres afin de perforer ses cibles. L’installation de la mutation s’étend de ses doigts jusqu’à ses bras et se traduit par une noircissement de ces derniers. Des tatouages ont notamment été apposés sur l’ensemble de ces bras pour recouvrir les cicatrices de l’opération.
- Apparence des bras:
![Loué soit la Finlande - Linda Jakobson [Terminé] Xtuyfg10](https://i.servimg.com/u/f15/16/23/62/75/xtuyfg10.png)
![Loué soit la Finlande - Linda Jakobson [Terminé] Xtuyfg10](https://servimg.com/r/1516236275/xtuyfg10.png)
Attention : Déployer abusivement ses ongles provoquent à terme un engourdissement de ses bras pouvant mener à leur paralysie temporaire. Les déployer sur une trop longue distance accélère notamment ce processus de paralysie.
Étouffée par l’effréné vrombissant de sa moto, Linda traçait sa voie sur des chemins champêtres du Piémont. Sur son casque se reflétait une nature semblable à la Provence où s’enchaînait à perte de vue lavandes et oliviers. En dépit d'une entame automnale entourant la région, le soleil, tel un infatigable champion de boxe persistait sur le ring et continuer à marteler la jeune conductrice d'uppercuts chaleureux. Sous cette température accablante, les âmes se faisaient effectivement rares. Lorsqu’elle s’arrêta enfin dans un petit village Piémontais, ce constat ne changea guère. La rue dans laquelle elle laissa son casque et sa moto louée était elle-aussi déserte. La finlandaise se demanda un instant si le village dans lequel elle transitait n’était pas abandonné tant la vie y était absente. Pressée par le temps, elle laissa finalement cette question de côté et entama sa marche, bercée par l’unique bourdonnement des mouches.
Après plusieurs pas introductifs sur un vétuste escalier marbré, la jeune femme affronta de ses yeux inexpressifs, la porte d’une petite église baroque. En observant cette façade érodé par le temps, elle comprit aisément que cette bâtisse n’était pas souvent entretenue. Cela dit, peu encline à profiter de cette architecture antique, Linda s’engouffra très rapidement à travers cet accès qui la mena tout d’abord au porche, puis au vestibule. Ses bottine talonnées concédèrent finalement un maigre ralentissement lorsqu’elles foulèrent la nef, lieu où d’ordinaire siégeaient les fidèles pour la messe. Dans ce lieu saint se trouvaient plusieurs rangées de banc attaqués par le lichen. Leur bois craquelant était foudroyé par une lumière solaire qui se faufilait grâce à un trou béant que ne pouvait cacher le toit du bâtiment.
La missionnaire lâcha un court râle et traversa les dalles jusqu’à deux portes incrustés dans les murs de la nef. Bien que faite de bois, elles semblaient avoir évité le sort funeste qui avait été réservé aux bancs et ne comportaient pas de mousse végétale. Sans l’ombre d’une hésitation, Linda ouvrit la porte de gauche et découvrit une cabine où se distinguait un fauteuil étonnamment bien conservé sur lequel elle daigna se poser. Dans le mur qui séparait sa cabine et la cabine droite, se dressait une grillage serrée où seuls les sons pouvaient filtrer. Une premier tirade de sa personne eut d’ailleurs le bonheur de virevolter dans la cabine voisine
— Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent.
— Pleurez avec ceux qui pleurent. Eut-t-elle droit comme réponse. Elle provenait de la cabine adjacente où semblait siéger un gabarit âgé, compte tenu de la voix rauque et grésillant.
— Mon Père, vous auriez certainement pu vous contenter du cadre habituel pour notre rencontre. Soupira la jeune femme visiblement agacé par tout ce cinéma. Vous m’avez fait parcourir une centaine de kilomètres alors que toute évidence, nous aurions certainement pu discuter à Turin, comme nous avons l’habitude de le faire...
Le religieux tenta d’atténuer les plaintes de la demoiselle en inventant des excuses, mais il ne réussit guère à le faire. Malgré son autorité véritable, il accepta les reproches légitimes de sa subordonnée, qui savait pertinemment que le prêtre avait déplacé le lieu de rendez-vous par pure excentricité. Au sortir des reproches, la finlandaise entra enfin dans le vif du sujet et lui donna un rapport détaillé de sa dernière mission officielle. Celle-ci consistait à propager la parole catholique en Afrique et plus particulièrement à Madagascar. Pour cette mission, elle confirma avoir opérée seule et avoir distribuée l’intégralité des denrées que l’Entreprise lui avait fourni. Même si le phrasé de la demoiselle paraissait longuet, ces mots confirmèrent tout simplement le bon déroulement de la mission.
— Et concernant l’Opération Antsiranana ?
— La branche orthodoxe de ce pays n’a pas montré aucun signe d’activités intéressant malgré les sabotages que j’ai engendré sur l'île. Il me parait improbable que l’Église orthodoxe et de surcroit, la Russie envahisse l’île prochainement.
— Le risque zéro n’existe pas, ma fille. Je vous rappelle que nous avons été pris de court en Hongrie et que ce territoire historiquement catholique est désormais entre les mains de la Russie.
— Pas besoin de me rappeler. Reprit-elle sèchement.
Le religieux, vicieux et plaisantin, avait attaqué quelques rares cordes capables de troubler cet iceberg finlandais. Née d’une mère Hongroise, il avait habilement ravivé le souvenir encore frais de sa génitrice qui avait expulsé un flot inarrêtable de larmes lorsque la nouvelle était tombée. Quand bien même, elle ne connaissait rien de ce pays, le chagrin qui plombait sa mère l'avait particulièrement marqué et elle ne souhaitait guère une telle fin à son pays natal. Indirectement, le Père religieux avait justement rappelé qu’une invasion russe sur le Pays des Mille Lacs, bien qu'improbable restait possible. Et si elle se fichait éperdument du sort de Madagascar, celui de sa chère Finlande était un tout autre débat.
Depuis 2018 et l’annihilation du Pays d’Hollywood, de nombreuses mœurs limitrophes à la Russie vivaient dans la crainte. Pour beaucoup de finlandais (même de religion orthodoxe), dont ses parents entre autres, leur destin était chaque jour sous la menace d’un caprice russe et le monde ne semblait sourciller face à cette catastrophe… si ce n’est l’entreprise humanitaire qu’elle avait rejointe en sortie d’université, il y a une dizaine d’années. Employée comme missionnaire, elle voyageait dans le monde afin de propager une parole catholique, loin des standards orthodoxes prônées par la Russie. Néanmoins, ce combat pacifique n’offrant pas assez de garanties, elle avait entrepris des actions moins glorieuses, pour ne pas dire criminelles afin d’enrayer les velléités expansionnistes de la Russie et il arrivait que cette même entreprise lui propose parfois de discutables missions officieuses.
— Poursuivez votre rapport, ma fille. Déclara gentiment le religieux, alors que le silence commençait à s’installer dans le confessionnal.
Instantanément, la jeune femme retrouva froideur et professionnalisme et détailla avec une exactitude abasourdissante le déroulé de cette mission officieuse, en allant même jusqu’à énoncer d’inutiles précisions. La mémoire de Linda n’était pas forcément meilleure qu’une autre. Simplement, professionnelle, elle était venue préparée et le Père François-Louis n’attendait pas moins d’un élément qu’il avait rigoureusement formé dans la branche principale de l’Entreprise à la survie. En entendant le récit de sa mission à Madagascar, le religieux comprenait comme toujours que les rudes entraînement qu’il avait distillé en matière de combat et discrétion avaient été d’une grande utilité. Et même s’il ne prononça aucune félicitation, il paraissait satisfait par ce rapport complet et savait en outre que la jeune femme avait préparé un rapport écrit dans lequel il pourrait glaner davantage d’informations. De ce fait, il ne la questionna davantage et l’invita à sortir.
— Que Dieu veille sur vous, mon enfant.
— Bien sûr. Rétorqua-t-elle, ironiquement en sortant du confessionnal, pour rappeler implicitement qu'elle ne comptait pas sur une entité mystique pour assurer sa survie.
Laissant le prêtre se prélasser seul dans sa cabine, la finlandaise quitta les lieux et rebroussa chemin jusqu’à la bécane qu’elle avait loué pour la journée. Le soleil se couchant peu à peu, elle ne devait guère trainer. Néanmoins, elle s’accola contre son bolide et passa un appel. Les yeux levés vers le ciel rosé, Linda stoïque attendit une réponse. Quand enfin, une réponse parvint à ses oreilles, ses yeux s’écarquillèrent et retranscrivirent une joie absente de ses lèvres. Dans un ton monotone, presque indifférent, la jeune femme adressa de chaudes salutations.
— C’est moi. Ça va ?
Même si son travail obstruait une grande partie de son calendrier, la finlandaise, fière de ses racines, se démenait pour contacter mensuellement ses parents, cinquantenaires débordant d'énergies. Certes, Muguet ne pouvait se permettre de leur évoquer en profondeur son travail, en cause les activités les plus sordides auxquelles elle participait. Néanmoins, entendre leurs simples voix l’aidait à garder un lien avec ces terres glaciales qui l’avaient vu naître et grandir. De plus, ces appels étaient également l’occasion de recueillir les péripéties qui animaient la vie de ses chères parents. Au terme de cet appel, Muguet avait ainsi appris que son père, écrivain et sportif invétéré, s’était cassé le bras en faisant une mauvaise chute. Par le passé, cet accident s’était déjà produit lorsque son père, de nature bien téméraire avait tenté d’initier sa fille au hockey. Ainsi, face à ce déjà vu, Muguet se retint de relâcher un gloussement moqueur. Pour ce qui est de sa mère, diététicienne pointilleuse sur le bien-être, elle était apparemment parvenue à réaliser un Pot-au-feu à la française, après plusieurs centaines d’essais désastreux.
— J’adorerais le goûter. Déclara la jeune adulte avec une insipidité que ses parents, perspicaces, traduisaient à juste titre comme un enthousiasme prononcé. Mais j’ai malheureusement beaucoup de travail. Ajouta-t-elle, presque dépitée par cette réalité.
En raccrochant le téléphone, Linda soupira longuement, espérant que le monde (et particulièrement la Russie) ne soit pas pris d’une folie soudaine contre le Pays des Mille Lacs d’ici son prochain appel. Retourner y vivre paisiblement était d’ailleurs une option trottant parfois dans sa tête. De cette manière, elle pourrait interagir plus souvent avec ses parents qu’elle respectait tant et qu’elle ne pourrait jamais assez remercier pour l’éducation respectable qu’ils lui avaient fourni. De même, elle pourrait s’adonner plus couramment à la chasse d’aurores boréales, activité qui avait bercé son enfance en Finlande. Malheureusement, après avoir découverte la face sombre de ce monde, Linda ne pouvait plus faire marche arrière. Tant que la Russie nourrissait des ambitions d’extension, la jeune femme devait continuer son combat silencieux...
Son entreprise ne lui ayant attribuée aucun travail officiel et officieux, Muguet était actuellement libre de recevoir n’importe quelle offre brumeuse de particuliers peu scrupuleux. Dans la mesure où la récompense était juteuse (que ce soit en termes d’informations ou d’argents), la jeune femme n’était étonnamment pas très regardante. Spetnaz et Geyster proposait moults activités ayant un rapport de près ou de loin avec la Russie. Une aubaine à ses yeux. Pour l’heure, il était impératif pour la finlandaise de rendre cette fichue moto louée avant la tombée de la nuit…
Il était encore inenvisageable à cette époque qu'elle ne songe à apporter des modifications à son corps. A l'heure où elle était encore bercée par un petit succès flatteur, elle ne ressentait pas le besoin d'acquérir une force drastique et immédiate, estimant qu'un entraînement long et rigoureux, couplé à un armement classique suffirait amplement à affirmer sa puissance. Seulement, le froid islandais et les monstruosités que cette terre avait tenté de cacher lui firent reconsidérer sa noble vision. Il était tout simplement des limites que son corps ne pourrait surmonter sans artifice contre-nature. Et dans ce monde pris d'une inarrêtable folie, la Scandinave ne pouvait tout simplement pas se permettre de stagner. Ainsi, s'était lancé la quête d'une force nouvelle s'alignant sur celle l'ayant brutalement marqué en Islande.
Grâce à son réseau, elle eut quelques temps plus tard écho d'un nouveau laboratoire capable de prodiges pour renforcer un corps humain. Et avec le sérieux qu'on lui connaissait, la Scandinave prit le temps nécessaire pour penser sa mutation. Aux yeux de la Nordique, elle se devait d'être meurtrière et discrète, tout en étant réalisable pour les scientifiques du Laboratoire. Aussi, après mûres recherches, elle proposa un modèle d'ongles militaires extensibles et rétractables capables d'empaler, qui reçut un feu vert. Dans le doute de potentielles cicatrices sur ses mains ou ses bras, elle proposa également des motifs de tatouages pour les cacher... Globalement, demander l'ajout de tatouages s'avéra être une sage décision, puisque la mutation engendra un noircissement non désiré de ses avant-bras. Un mal pour bien, qu'elle allait devoir gérer au quotidien.
Après plusieurs pas introductifs sur un vétuste escalier marbré, la jeune femme affronta de ses yeux inexpressifs, la porte d’une petite église baroque. En observant cette façade érodé par le temps, elle comprit aisément que cette bâtisse n’était pas souvent entretenue. Cela dit, peu encline à profiter de cette architecture antique, Linda s’engouffra très rapidement à travers cet accès qui la mena tout d’abord au porche, puis au vestibule. Ses bottine talonnées concédèrent finalement un maigre ralentissement lorsqu’elles foulèrent la nef, lieu où d’ordinaire siégeaient les fidèles pour la messe. Dans ce lieu saint se trouvaient plusieurs rangées de banc attaqués par le lichen. Leur bois craquelant était foudroyé par une lumière solaire qui se faufilait grâce à un trou béant que ne pouvait cacher le toit du bâtiment.
La missionnaire lâcha un court râle et traversa les dalles jusqu’à deux portes incrustés dans les murs de la nef. Bien que faite de bois, elles semblaient avoir évité le sort funeste qui avait été réservé aux bancs et ne comportaient pas de mousse végétale. Sans l’ombre d’une hésitation, Linda ouvrit la porte de gauche et découvrit une cabine où se distinguait un fauteuil étonnamment bien conservé sur lequel elle daigna se poser. Dans le mur qui séparait sa cabine et la cabine droite, se dressait une grillage serrée où seuls les sons pouvaient filtrer. Une premier tirade de sa personne eut d’ailleurs le bonheur de virevolter dans la cabine voisine
— Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent.
— Pleurez avec ceux qui pleurent. Eut-t-elle droit comme réponse. Elle provenait de la cabine adjacente où semblait siéger un gabarit âgé, compte tenu de la voix rauque et grésillant.
— Mon Père, vous auriez certainement pu vous contenter du cadre habituel pour notre rencontre. Soupira la jeune femme visiblement agacé par tout ce cinéma. Vous m’avez fait parcourir une centaine de kilomètres alors que toute évidence, nous aurions certainement pu discuter à Turin, comme nous avons l’habitude de le faire...
Le religieux tenta d’atténuer les plaintes de la demoiselle en inventant des excuses, mais il ne réussit guère à le faire. Malgré son autorité véritable, il accepta les reproches légitimes de sa subordonnée, qui savait pertinemment que le prêtre avait déplacé le lieu de rendez-vous par pure excentricité. Au sortir des reproches, la finlandaise entra enfin dans le vif du sujet et lui donna un rapport détaillé de sa dernière mission officielle. Celle-ci consistait à propager la parole catholique en Afrique et plus particulièrement à Madagascar. Pour cette mission, elle confirma avoir opérée seule et avoir distribuée l’intégralité des denrées que l’Entreprise lui avait fourni. Même si le phrasé de la demoiselle paraissait longuet, ces mots confirmèrent tout simplement le bon déroulement de la mission.
— Et concernant l’Opération Antsiranana ?
— La branche orthodoxe de ce pays n’a pas montré aucun signe d’activités intéressant malgré les sabotages que j’ai engendré sur l'île. Il me parait improbable que l’Église orthodoxe et de surcroit, la Russie envahisse l’île prochainement.
— Le risque zéro n’existe pas, ma fille. Je vous rappelle que nous avons été pris de court en Hongrie et que ce territoire historiquement catholique est désormais entre les mains de la Russie.
— Pas besoin de me rappeler. Reprit-elle sèchement.
Le religieux, vicieux et plaisantin, avait attaqué quelques rares cordes capables de troubler cet iceberg finlandais. Née d’une mère Hongroise, il avait habilement ravivé le souvenir encore frais de sa génitrice qui avait expulsé un flot inarrêtable de larmes lorsque la nouvelle était tombée. Quand bien même, elle ne connaissait rien de ce pays, le chagrin qui plombait sa mère l'avait particulièrement marqué et elle ne souhaitait guère une telle fin à son pays natal. Indirectement, le Père religieux avait justement rappelé qu’une invasion russe sur le Pays des Mille Lacs, bien qu'improbable restait possible. Et si elle se fichait éperdument du sort de Madagascar, celui de sa chère Finlande était un tout autre débat.
Depuis 2018 et l’annihilation du Pays d’Hollywood, de nombreuses mœurs limitrophes à la Russie vivaient dans la crainte. Pour beaucoup de finlandais (même de religion orthodoxe), dont ses parents entre autres, leur destin était chaque jour sous la menace d’un caprice russe et le monde ne semblait sourciller face à cette catastrophe… si ce n’est l’entreprise humanitaire qu’elle avait rejointe en sortie d’université, il y a une dizaine d’années. Employée comme missionnaire, elle voyageait dans le monde afin de propager une parole catholique, loin des standards orthodoxes prônées par la Russie. Néanmoins, ce combat pacifique n’offrant pas assez de garanties, elle avait entrepris des actions moins glorieuses, pour ne pas dire criminelles afin d’enrayer les velléités expansionnistes de la Russie et il arrivait que cette même entreprise lui propose parfois de discutables missions officieuses.
— Poursuivez votre rapport, ma fille. Déclara gentiment le religieux, alors que le silence commençait à s’installer dans le confessionnal.
Instantanément, la jeune femme retrouva froideur et professionnalisme et détailla avec une exactitude abasourdissante le déroulé de cette mission officieuse, en allant même jusqu’à énoncer d’inutiles précisions. La mémoire de Linda n’était pas forcément meilleure qu’une autre. Simplement, professionnelle, elle était venue préparée et le Père François-Louis n’attendait pas moins d’un élément qu’il avait rigoureusement formé dans la branche principale de l’Entreprise à la survie. En entendant le récit de sa mission à Madagascar, le religieux comprenait comme toujours que les rudes entraînement qu’il avait distillé en matière de combat et discrétion avaient été d’une grande utilité. Et même s’il ne prononça aucune félicitation, il paraissait satisfait par ce rapport complet et savait en outre que la jeune femme avait préparé un rapport écrit dans lequel il pourrait glaner davantage d’informations. De ce fait, il ne la questionna davantage et l’invita à sortir.
— Que Dieu veille sur vous, mon enfant.
— Bien sûr. Rétorqua-t-elle, ironiquement en sortant du confessionnal, pour rappeler implicitement qu'elle ne comptait pas sur une entité mystique pour assurer sa survie.
Laissant le prêtre se prélasser seul dans sa cabine, la finlandaise quitta les lieux et rebroussa chemin jusqu’à la bécane qu’elle avait loué pour la journée. Le soleil se couchant peu à peu, elle ne devait guère trainer. Néanmoins, elle s’accola contre son bolide et passa un appel. Les yeux levés vers le ciel rosé, Linda stoïque attendit une réponse. Quand enfin, une réponse parvint à ses oreilles, ses yeux s’écarquillèrent et retranscrivirent une joie absente de ses lèvres. Dans un ton monotone, presque indifférent, la jeune femme adressa de chaudes salutations.
— C’est moi. Ça va ?
Même si son travail obstruait une grande partie de son calendrier, la finlandaise, fière de ses racines, se démenait pour contacter mensuellement ses parents, cinquantenaires débordant d'énergies. Certes, Muguet ne pouvait se permettre de leur évoquer en profondeur son travail, en cause les activités les plus sordides auxquelles elle participait. Néanmoins, entendre leurs simples voix l’aidait à garder un lien avec ces terres glaciales qui l’avaient vu naître et grandir. De plus, ces appels étaient également l’occasion de recueillir les péripéties qui animaient la vie de ses chères parents. Au terme de cet appel, Muguet avait ainsi appris que son père, écrivain et sportif invétéré, s’était cassé le bras en faisant une mauvaise chute. Par le passé, cet accident s’était déjà produit lorsque son père, de nature bien téméraire avait tenté d’initier sa fille au hockey. Ainsi, face à ce déjà vu, Muguet se retint de relâcher un gloussement moqueur. Pour ce qui est de sa mère, diététicienne pointilleuse sur le bien-être, elle était apparemment parvenue à réaliser un Pot-au-feu à la française, après plusieurs centaines d’essais désastreux.
— J’adorerais le goûter. Déclara la jeune adulte avec une insipidité que ses parents, perspicaces, traduisaient à juste titre comme un enthousiasme prononcé. Mais j’ai malheureusement beaucoup de travail. Ajouta-t-elle, presque dépitée par cette réalité.
En raccrochant le téléphone, Linda soupira longuement, espérant que le monde (et particulièrement la Russie) ne soit pas pris d’une folie soudaine contre le Pays des Mille Lacs d’ici son prochain appel. Retourner y vivre paisiblement était d’ailleurs une option trottant parfois dans sa tête. De cette manière, elle pourrait interagir plus souvent avec ses parents qu’elle respectait tant et qu’elle ne pourrait jamais assez remercier pour l’éducation respectable qu’ils lui avaient fourni. De même, elle pourrait s’adonner plus couramment à la chasse d’aurores boréales, activité qui avait bercé son enfance en Finlande. Malheureusement, après avoir découverte la face sombre de ce monde, Linda ne pouvait plus faire marche arrière. Tant que la Russie nourrissait des ambitions d’extension, la jeune femme devait continuer son combat silencieux...
Son entreprise ne lui ayant attribuée aucun travail officiel et officieux, Muguet était actuellement libre de recevoir n’importe quelle offre brumeuse de particuliers peu scrupuleux. Dans la mesure où la récompense était juteuse (que ce soit en termes d’informations ou d’argents), la jeune femme n’était étonnamment pas très regardante. Spetnaz et Geyster proposait moults activités ayant un rapport de près ou de loin avec la Russie. Une aubaine à ses yeux. Pour l’heure, il était impératif pour la finlandaise de rendre cette fichue moto louée avant la tombée de la nuit…
[...]
Il était encore inenvisageable à cette époque qu'elle ne songe à apporter des modifications à son corps. A l'heure où elle était encore bercée par un petit succès flatteur, elle ne ressentait pas le besoin d'acquérir une force drastique et immédiate, estimant qu'un entraînement long et rigoureux, couplé à un armement classique suffirait amplement à affirmer sa puissance. Seulement, le froid islandais et les monstruosités que cette terre avait tenté de cacher lui firent reconsidérer sa noble vision. Il était tout simplement des limites que son corps ne pourrait surmonter sans artifice contre-nature. Et dans ce monde pris d'une inarrêtable folie, la Scandinave ne pouvait tout simplement pas se permettre de stagner. Ainsi, s'était lancé la quête d'une force nouvelle s'alignant sur celle l'ayant brutalement marqué en Islande.
Grâce à son réseau, elle eut quelques temps plus tard écho d'un nouveau laboratoire capable de prodiges pour renforcer un corps humain. Et avec le sérieux qu'on lui connaissait, la Scandinave prit le temps nécessaire pour penser sa mutation. Aux yeux de la Nordique, elle se devait d'être meurtrière et discrète, tout en étant réalisable pour les scientifiques du Laboratoire. Aussi, après mûres recherches, elle proposa un modèle d'ongles militaires extensibles et rétractables capables d'empaler, qui reçut un feu vert. Dans le doute de potentielles cicatrices sur ses mains ou ses bras, elle proposa également des motifs de tatouages pour les cacher... Globalement, demander l'ajout de tatouages s'avéra être une sage décision, puisque la mutation engendra un noircissement non désiré de ses avant-bras. Un mal pour bien, qu'elle allait devoir gérer au quotidien.
